Coups contre coup...d'oeil
Qui n’aime pas revoir un film ou relire un livre ne devrait pas acheter de tableaux. Nous jugeons ici par notre propre expérience et ne prétendons en aucun cas détenir la vérité. Mais nous en sommes si convaincus que nous avons choisi comme devise la proposition de Henri Bergson «L’œil ne voit que ce que l’esprit est prêt à comprendre». Suivant cette formulation il faut donc entrainer son esprit à saisir et intégrer les informations. Revoir un film, relire un livre c’est de fait délaisser l’histoire pour s’attacher aux moyens mis en place pour la faire vivre. Sur un plan pictural cette démarche équivaut à reprendre à la lettre la définition que donnait Maurice Denis : «Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane, recouverte de couleurs, en un certain ordre assemblées». Sous une autre forme André-Pierre Arnal, membre du mouvement «Supports/Surfaces», reprenait cette conception en faisant remarquer qu’au premier regard le sujet masque la peinture. En effet si le diable se cache dans les détails, le talent aussi. Daniel Arasse, historien renommé de l’art, a d’ailleurs fait du détail l’objet et le titre d’un de ses livres. Il y démontre que pour lui celui-ci offre une autre manière de voir et d’appréhender la peinture. Contrairement à l’acception qu’a voulu en donner un homme politique à propos de l’histoire, le détail, en peinture, devient primordial pour qui sait le découvrir. Cependant l’analyse exige généralement du temps avant de devenir évidence. François Truffaut arguait que l’intérêt des vidéocassettes était de permettre de revoir un film chez soi à tout moment sans devoir attendre une programmation en salle ou à la télévision ; avec de plus la faculté de pouvoir visionner en boucle une scène sans devoir s’imposer plusieurs fois la totalité du métrage. La facilité de consultation était donc pour lui un élément clef du parcours qui mène à une meilleure appropriation d’une œuvre. Tout collectionneur fait l’expérience de regarder ses tableaux sous différents éclairages et même parfois la nuit. Le rapport des couleurs entre elles change, la matière, le relief se révèlent. Il apprend à y distinguer la touche, l’ordre d’application des couleurs, les repentirs. Il s’agit en quelque sorte d’une investigation privée comparable aux divers examens pratiqués par les experts pour étudier l’authenticité d’un tableau. A la différence qu’il ne s’agit pas dans ce cas de relever les parentés avec des techniques que l’on sait propres à un artiste, une école ou une époque, mais de découvrir l’organisation des formes et des couleurs qui permet au propos de s’exprimer. Trop souvent, du moins du point de vue de Galerie Anna-Tschopp, public et critiques alloue abusivement comme vertu capitale à une œuvre sa capacité à susciter l’émotion. Cependant survaloriser le résultat au détriment des moyens mis en œuvre pour l’obtenir revient à se satisfaire d’être un collectionneur borgne. Avec pour corollaire que dans le temps cette approche monoculaire ne permet pas d’entretenir l’émotion et conduit à se lasser d’une image qui s’affadit mentalement. Nous persistons donc dans notre présomption : qui n’aime pas revoir un film ou relire un livre ne devrait pas acheter de tableaux.
Hors nos murs
Le magasin de meubles et de décoration SINIBALDI, sis rue Paradis, 200 mètres plus bas que Galerie Anna-Tschopp, fête ses 25 ans et à cette occasion nous a emprunté quelques œu-vres. Une occasion de les apprécier dans un contexte réel.
Actuellement visibles à la galerie
Vous pouvez retrouver les parutions antérieures de «Les Brèves d'Anna» ICI
GALERIE ANNA-TSCHOPP
NOS ADRESSES UTILES
POUR MARSEILLE
197, rue Paradis
13006 Marseille
+33 (0)7 60 69 19 55
atschopp197@gmail.com
Heures d'ouverture :
jeudis, vendredis, samedis
de 11h00 à 17h30
tous les jours sur RV