Les enseignements de la FIAC



Nous n’avons pas visité la FIAC cette année. Les années précédentes non plus d’ailleurs. Non seulement nous n’y sommes pas invités mais Galerie Anna-Tschopp n’y est pas souhaitée en tant que participante. Aussi adoptons-nous l’attitude du renard et déclarons ses raisins bien trop verts. Monter à Paris dans ce but unique, non merci. Faire la queue pendant des heures et payer 70 euros pour une entrée, un annuaire publicitaire et un sac souvenir, non merci. S’ébaubir en compagnie d’autres initiés devant un cadre à la vitre brisée ou un vêtement tombé de son cintre, non merci. Hormis ces considérations très personnelles la FIAC a néanmoins l’avantage de présenter la tendance économique du marché. L’année dernière cette tendance était au tassement des prix du neuf en regard d’œuvres plus anciennes sur lesquelles l’esprit critique avait eu le temps de s’exercer. Cette année ce glissement prend de l’ampleur puisque le contemporain semble fortement passer la main aux «fifties/sixties». Il n’y a d’ailleurs ici aucune vraie surprise quand on sait que des galeries parmi les plus «art contemporain» signent désormais des artistes comme Simon Hantaï ou Hans Hartung. Pour porter un regard un peu différent de celui qu’ont proposé les multiples articles et commentaires de cette édition 2019 nous avons pris comme support les comptes rendus d’«Artsy», importante société new-yorkaise de vente en ligne. Pourquoi cet œil américain ? Parce quoiqu’on puisse penser de Donald Trump les Etats-Unis sont toujours, et de loin, les acteurs majeurs du marché. Ce qui se pense ou se fait là-bas finit toujours par arriver ici. Surtout en matière de showbiz, secteur d’activité au-quel le marché de l’art tend de plus en plus à s’assimiler. Ce que nous avons ressorti de ces comptes rendus est que les galeries françaises, même les plus visibles n’y sont pas citées. La plupart des gros prix ne sont le fruit ni de poulets de l’année ni d’artistes hexagonaux (Robert Rauschenberg, Philip Guston, Louise Bourgeois). Il y apparait aussi la prédominance grandissante donnée aux galeries sur les artistes. Ces derniers se réduisent de plus en plus à n’être que les sous-traitants d’énormes machines de productions et de diffusions. Un peu à la façon des acteurs et metteurs en scène du système hollywoodien des années 30, les plasticiens, peintres, sculpteurs d’aujourd’hui passent d’une écurie à l’autre au gré des options que leur accordent leurs contrats. Quant aux collectionneurs ils se rendent désormais à une exposition de la galerie «S. Windler and Co» (London / New-York / Hong Kong) comme les cinéphiles d’autrefois allaient voir le dernier «Warner» ou «MGM». Le distributeur prend dorénavant le pas sur le créateur. Puisque nous en sommes aux comparaisons cinématographiques ces comptes ren-dus font également état des motivations qui poussent les dirigeants de ces galeries inter-nationales à venir à Paris. C’est, suivant les interlocuteurs : le «parfum» de la ville, la somptuosité du Grand Palais, le contournement du Brexit. Pas un toutefois ne parle de visiter des ateliers. Nous sommes dans «Un américain à Paris». Ce qui semble  particulièrement séduire les visiteurs étrangers serait donc toujours la supposée «liberté» des parisiennes, les ascenseurs qui ne marchent pas, l’insouciance du mode de vie, même si tout ceci relève de nos jours plus du mythe que d'autre chose. Sauf qu’à l’époque du film ils pouvaient aussi rendre visite à Picasso, Braque ou Matisse. En 1972 Georges Pompidou proclamait : «Chère vieille France ! La bonne cuisine ! Les Folies Bergère ! Le Gai Paris ! La Haute-Couture ! […] C’est terminé ! La France a commencé et largement entamé une révolution industrielle». En ce qui concerne l’industrie artistique, cet amateur éclairé se serait-il trompé ?



Hors nos murs



Le magasin de meubles et de décoration SINIBALDI, sis rue Paradis, 200 mètres plus bas que Galerie Anna-Tschopp, fête ses 25 ans et à cette occasion nous a emprunté quelques œu-vres.  Une occasion de les apprécier dans un contexte réel.


Actuellement visibles à la galerie




Vous pouvez retrouver les parutions antérieures de «Les Brèves d'Anna» ICI