En art, le coup de cœur ça n'existe pas !



Nous parlerons ici du « coup de cœur » prouvé qui se matérialise par un engagement, en l’occurrence un achat, et non de l’émoi éphémère et sans conséquences que l’on peut éprouver 10 fois par jour à propos de tout et de n’importe quoi. Marchands et galeristes expliquent souvent l’achat d’une œuvre lors d'une première visite par « Le coup de cœur » qu’aurait ressenti l'acheteur devant l’œuvre en question. Or pour Galerie Anna-Tschopp « le coup de cœur » n’existe pas. Il s’agit en fait pour nous d’un long processus de maturation qui, le plus souvent, met en jeu plusieurs acteurs du marché. Voici pourquoi nous ne croyons pas au « coup de cœur ».

 

On ne peut aimer ce qu’on ne connait pas. La première démarche d’un acheteur qui s’ignore encore et qui vient de découvrir une œuvre ou un travail est de s’informer sur leur auteur. Le plus souvent il range ensuite l’information dans une partie plus ou moins fréquentée de son cerveau. S’il est particulièrement curieux ou très « accroché » il cherchera à voir d’autres pièces, mais le plus souvent il confiera cette démarche au hasard. Si le hasard fait bien les choses il remettra en contact l’œuvre et l’amateur par le biais d’une exposition, d’une publication, d’une flânerie. Si cette rencontre confirme le sentiment de celui qui devient maintenant un collectionneur potentiel il est alors probable que celui-ci tente de profiter de toutes les occasions lui permettant de parfaire sa connaissance de l’artiste et de son travail. Ceci jusqu’à s’approprier ce dernier et considérer le premier comme étant digne d’être collectionné. Il devient alors l’acheteur possible d’une œuvre qui viendrait à rencontrer à la fois ses critères esthétiques et ses capacités financières. Le premier qui lui propose cette œuvre et ce prix emporte l’affaire. Une affaire qui peut se réaliser géographiquement bien loin du lieu des rencontres précédentes et qui incite alors le vendeur à parler de « coup de cœur » à propos de cet acheteur sorti de nulle part.

 

On peut bien évidemment ne pas se satisfaire de cette analyse. Elle est cependant caractéristique en ce qui nous concerne d’un cheminement acquisitif. Cheminement partagé par certains de nos clients, amis ou relations qui nous ont avoué avoir réalisé un premier achat alors qu’ils « suivaient » l’artiste depuis plusieurs années.

De fait, pour nous, il y a « coup de cœur » et « coup de cœur ». L’un provient, comme nous venons de le suggérer, de l’ignorance d’un tiers concernant la démarche d’appropriation d’un collectionneur pour un travail. L’autre est plus lié au transfert d’un contexte sur un objet. Dans ce deuxième cas ce n’est plus l’œuvre qu’achète le collectionneur mais les événements et émotions qui, pour lui, lui sont liés. L’œuvre perd alors sa spécificité artistique au profit d’une condition de témoin. Ce qui n’implique pas pour autant que ce témoignage n’ait aucune qualité artistique.

 

 

Nous confirmons donc. Pour nous, en matière d’art, le « coup de cœur » ça n’existe pas.