Comment évaluer la valeur, donc le prix, d'une oeuvre dans l'art



Comment évaluer le prix d’une œuvre d’art est une question récurrente et fondée pour tout collectionneur en herbe ou confirmé. En la matière la sempiternelle et classique référence à la loi de l’offre et la demande tient plus de la constatation que de l’explication. Le « coup de cœur » n’est pas plus satisfaisant. La hiérarchisation des techniques n’est qu’affaire de préjugés passéistes. En quoi la peinture acrylique serait-elle inférieure à la peinture à l’huile ? Pourquoi une mauvaise peinture aurait-elle plus de valeur qu’un bon dessin ? De fait la vraie question est : le prix reflète-t-il toujours la valeur ? Ne surpaye-t-on pas cette valeur ? Et d’abord de quelle valeur parle-t-on ? Valeur artistique ? Valeur historique ? Valeur affective ou sentimentale ? Popularité momentanée ?

Galerie Anna-Tschopp tente ici d’apporter ses propres réponses.

 

La définition du prix d’une œuvre est toujours une entreprise délicate. Dans la plupart des cas marchands et galeristes se réfèrent au marché et effectuent ensuite une péréquation en fonction de la taille, du support ou de l’époque. Pour Galerie Anna-Tschopp cette méthode se révèle cependant trop discrétionnaire par manque d’éléments d’évaluation tangibles. Nous considérons en effet que toutes les productions ne se valent pas et qu’adopter une règle de trois pour définir un prix en fonction d’une taille revient à vendre de la peinture au mètre carré et de la sculpture au kilo. De plus «une hirondelle ne fait pas le printemps» et un seul prix constaté en salle des ventes ou en galerie ne saurait faire fonction de mètre étalon. Sauf à vouloir exercer une manipulation de prix.

Pour Galerie Anna-Tschopp la valeur d’une œuvre se construit sur son «esthétique», son «sens» et son «histoire».

L’«esthétique» est le critère le plus versatile de ce qui constitue cette valeur. La notion du beau et les critères par lesquels on peut en juger varient en fonction des époques et des cultures. Galerie Anna-Tschopp est pour sa part attachée à la différenciation que fait Edmund Burke entre le beau et le sublime avec, en ce qui la concerne pour ses choix, une nette prédilection pour le sublime.

Le «sens» est la capacité d’une œuvre à s’inscrire dans son époque, qu’elle y participe directement ou en relate simplement les événements. L’artiste, comme le chroniqueur ou le journaliste, est un témoin de son temps. Du fait même de son inscription dans une époque, le «sens» lui est lié et disparaît avec elle. Il faut donc considérer que le «sens» n’est pas une valeur inaltérable dans l’évaluation d’une œuvre.

«Esthétique» et «sens» sont souvent mêlés dans ce que l’on pourrait appeler le parti pris expressif de l’artiste. C’est à- dire comment ce dernier travestit la représentation de la réalité pour en atteindre une meilleure expression et pour mieux cerner l’idée qu’il veut en donner.

L’«histoire» est ce qui distingue une œuvre de ses congénères. Cette différenciation est propre à l’œuvre elle-même ou liée à des événements qui lui sont contemporains. Certaines œuvres n’existent qu’en tant qu’éléments indistincts de ce qui constitue la production d’un artiste ou d’un mouvement. Elles entrent alors dans ce qu’on nomme «la cote», c’est-à-dire un élément de base, normé mais sans originalité particulière. Le «marché» se plait cependant à caractériser cette production en périodes, lieux, thèmes pour en établir une hiérarchie d’intérêt et surtout de prix. Cette catégorisation qui confond histoire et chronologie repose plus sur des appréciations esthétiques subjectives et opportunistes que sur des fondements réels. Pour un même artiste le marché accordera ainsi une prime à une «période», à un support ou à un type de «sujet» avant de se retourner et d’en préférer d’autres. Et si le marché ne retient pas un patronyme, les œuvres de ce dernier tombent alors au mieux dans une disgrâce qui a pour noms «dans le goût de», «école de», «suiveur de». Sortent des magmas précédents les œuvres qui acquièrent un lustre particulier par leur singularité. On peut citer comme source de cette singularité le romanesque de leur voyage dans le temps, la relation particulière qu’elles ont entretenu avec leur auteur, la renommée de certains de leurs propriétaires, l’éclat de leur entrée dans le monde, les polémiques qu’elles ont pu engendrer ou les censures qu’elles ont dû subir, les affrontements idéologiques qu’elles ont matérialisés, la fascination intemporelle qu’elles exercent sur le public. Autant d’éléments qui leur confèrent une réelle unicité et une identité historique. Ce sont ces œuvres qui bousculent les cotes et les pulvérisent parfois, sans obligatoirement les modifier durablement en vertu du principe que l’exception n’est pas la règle.

«Esthétique», «sens», «histoire», quand les trois sont réunis on touche au superlatif. Si «sens» et «histoire» ne figurent pas obligatoirement parmi les premières attentes du public ce sont en revanche, selon nous, les seuls attributs qui maintiendront les propriétaires dans leur désir de conserver leurs œuvres. En regard de l’«esthétique» et du «sens», l’ «histoire» est aussi le seul de ces critères qui ne vieillira pas et donc le seul qui pourra au final assurer une valeur marchande durable.

Mais pour qu’une histoire existe et se transmette il faut qu’elle soit consignée. C’est pourquoi Galerie Anna-Tschopp, à chaque fois qu’elle le peut, recueille auprès des artistes un maximum d’informations pour ensuite les consigner et fournir à ses clients une plus-value sur les œuvres qu’elle leur propose.

On peut noter que pour de jeunes artistes il ne peut être question de faire valoir des œuvres en regard d’une «histoire» qui n’existe pas encore. C’est alors pour ces derniers à la pertinence du propos, liée à la concordance du traitement et à son originalité qu’il faut s’attacher. En espérant que ces derniers s’inscrivent dans le «sens» de l’Histoire.